Plantes sonores et transformation en champignon...
Journée de presque congé hier.
OH !
Ça fait du bien !
Je le méritais bien après une semaine aussi chargée en émotions !
J'ai malgré tout réussi à trouver, par l'entremise de contacts, 2 labels d'ici qui pourraient être intéressés par ma musique :
Je leur ai envoyé un petit message rempli d'espoir, bien sûr !
ahhaahahha !
Soirée au Kutomo pour le Festival for New Dance and Performance.
Un joli petit 40 minutes de marche pour m'y rendre (si vous me connaissez, vous savez à quel point j'adore marcher).
Je dis joli, parce que oui, ça l'était, joli.
Température très douce, autour des 7 degrés.
L'endroit est situé dans une partie qui rappelle un peu (juste un peu) le Mile-End/Mile-Ex.
Je dis un peu parce que c'est un coin un peu perdu, un peu plus industriel, caché, mais en même temps, pleins de maisons.
Pour annoncer l'endroit, une petite pancarte de bois et des petits chandelles pour nous indiquer le chemin à suivre rendu sur place. (ok, le mot « petit » et ses dérivés pourrait rapidement devenir mon prochain interdit).
C'est presque en sueur que je suis arrivée à destination (oui, il faisait chaud à ce point).
Elina de la galerie est venue me rejoindre.
2 performances.
La première.
Dans un espace clos construit à l'aide d'une genre de bâche de plastique semi-transparente, des ombres de plantes toutes différentes sont présentées à tour de rôle. C'est vraiment magnifique. Je ne comprends pas 1 mot (ok, c'est pas vrai, j'ai compris quelques « mutta » qui veut dire « mais » et autres petits mots insignifiants puisqu'ils n'aident en rien à la compréhension de ce qui se passe) mais j'étais comme charmée par le fait d'être si perdue dans une langue qui n'est pas la mienne. C'était comme si les mots, puisqu'ils n'avaient pas vraiment de sens pour moi, devenaient des objets sonores (ok, si Robert Normandeau lisait ça, il serait fier de moi). Je ne les écoutais pas pour leur signification, mais plutôt pour leur qualité plastique.
Bref, tout ça pour dire, le finnois est vraiment une très belle langue.
Soudain.
BAAAM
Un soleil artificiel s'allume au fond de la « serre ».
Tous semi aveuglés, nous sommes invités à pénétrer dans cette serre temporaire.
(merci à Elina pour ses traductions)
À l'intérieur, une longue table sur laquelle se trouvent une dizaine de plantes vertes, toutes différentes.
Non, ce n'est pas un cours de botanique auquel nous auront droit, mais plutôt à une performance sonore.
L'artiste, qui est à la base une designer d'éclairage, fait parler les plantes en les touchant, les pliant un peu.
Un dispositif construit à partir d'électrodes plantées soit dans la plante ou dans la terre provoque des sons électroniques qui varient selon la résistance qui est propre à chacune d'entre elle.
Intéressant !
: )
On est ensuite invité à essayer.
De toutes évidences, je ne maîtrise pas encore l'instrument..
hahahha
Hors de la serre, l'artiste (Vespa Laine) dont la pratique artistique est basée sur le concept de la photosynthèse, nous sert un petit cocktail botanique qu'elle a créé à partir de rhum blanc, de sucre et de menthe fraîche.
Très vert et végétal.
Pour agrémenter notre dégustation, Elina et moi on va voir de plus près deux pots de verre qui contiennent de petites fougères et autres verdures.
Elle me dit que l'artiste avait expliqué qu'au départ elle n'avait mis que de la terre dans ces pots.
Et deux ans plus tard, un monde végétal s'est développé dans ces univers clos que sont les pots.
Incroyable !
J'en revenais tout simplement pas.
C'était d'une beauté inexplicable.
Symboliquement aussi, très puissant.
Tout plein de rencontres encore une fois.
Et petit malaise.
(Je dois vous apprendre qu'ici le prénom masculin Antti est pas mal commun, tout comme Jussi et Jukka).
Donc Elina me demande : « Have you met Antti »?
(moi qui suit déjà pas tellement bonne avec la reconnaissance de gens nouveaux ((je pense qu'Ana et Pénélope pourraient en témoigner)) je dis : « yes ! we met earlier this week... at the gallery ».
Shit...
Non...
Pas le bon Antti (mais il ressemblait tellement à l'autre !!! j'en étais troublée).
Mais il a trouvé ça bien drôle, disant qu'il avait le classique look/apparence du finlandais par excellence...
hahahaha
Et juste après, elle me présente à quelqu'un d'autre, j'oublie son nom malheureusement...
Donc pour jouer safe, je dis que non, je ne l'ai pas encore rencontré et en le disant j'ai un immense doute et je change d'avis quand il me dit que oui, on s'était rencontrés.
Oh là là
Émilie !
Come ON !
(oh ! ça me fait justement penser à la terrible situation de non-reconnaissance de monsieur Gironnay, qui va sans doute avoir fait le lien avec cette situation)
Ensuite, autre perfo, dans une autre pièce.
Un gros tas de feuilles rougies par l'automne dissimule un haut parleur qui joue un drone de très basse fréquence, très fort.
C'est intéressant visuellement.
Et sonorement aussi.
C'est dommage par contre.
L'artiste de danse/performance avait de bien bonnes idées, il y avait de super beaux moments, mais dans l'ensemble, c'était moins réussi. La faiblesse de l'œuvre était le manque de cohérence entre les différentes parties. En fait, pas tant le manque de cohérence que plutôt une grave lacune dans les transitions qui n'étaient souvent pas justifiées/maladroites (pourquoi soudainement à ce moment ? pourquoi arrêter ce qui est en cours pour aller vers une autre chose complètement différente ? )
Mais j'ai beaucoup apprécié la partie dans laquelle l'artiste nous partage une histoire (que j'ai sentie très personnelle, pleine d'émotions) en la tapant à l'ordinateur, le texte (en anglais) étant projeté en direct sur le mur. C'était mystérieux et un peu surnaturel/psychédélique comme récit. En gros, ça racontait une histoire fragmentée et impressionniste qui se terminait par le partage d'un désir étrange : celui de vouloir se transformer en champignon pour pouvoir se sentir imposante (et forte sûrement ?) comme son réseau de racines, le mycelium. Le personnage nous confie se blesser volontairement (sur un bras, il me semble) pour pouvoir y planter un champignon dans l'espoir que celui-ci se propage et la transforme en champignon au final.
C'était déroutant et tellement beau comme histoire (je dois avouer être hyper sensible et très près de mes émotions depuis que je suis ici). Et le fait que le récit était littéralement écrit sous nos yeux, rendait l'expérience d'autant plus forte, plus forte que si l'artiste avait pris la décision de nous réciter le texte. On pouvait littéralement voir, sentir les hésitations, ce qui créait une attente, de voir ce qui allait se passer.
Bravo !
J'ai vraiment beaucoup apprécié cette soirée.
C'était très différent de ce qu'on peut voir à Montréal, je ne sais comment l'expliquer.
L'approche ?
La sensibilité ?
Le lien très fort à la nature ?
Je ne sais pas.
Mais j'étais heureuse de pouvoir être là, comme un petit espion, à regarder ces gens dans leur « habitat naturel ».
Il y a décidément quelque chose de tellement beau et simple dans ce qu'ils dégagent.
Je ne sais comment l'expliquer...
Petite journée tranquille ce samedi !
Je veux aller dans une friperies (semblerait qu'aujourd'hui tout soit à maximum 1 €) et petit détour à une boutique de thé juste à côté.
Ce soir, je retourne au Kutomo.
Désolée pour le manque de photos...
Je suis terrible... souvent je ne veux pas briser le moment en détournant mon attention pour sortir mon téléphone pour prendre des photos...